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VIE DE RANCÉ

le récit de Larroque par un démenti appuyé d’un document irrécusable. Mais au lecteur indifférent il est permis, à défaut de preuves positives, d’examiner des preuves négatives. J’ai déjà fait remarquer que Marsollier se tait sur madame de Montbazon, silence favorable à l’opinion de Larroque. Ce même chanoine, Marsollier, ajoute cette réflexion à son silence : « La mort et la disgrâce de plusieurs personnes avec lesquelles Rancé avait de forts attachements le touchèrent. Un vide affreux, dit-il, occupait mon cœur toujours inquiet et toujours agité, jamais content. Je fus touché de la mort de quelques personnes et de l’insensibilité où je les vis dans ce moment terrible qui devait décider de leur éternité. Je me résolus de me retirer dans un lieu où je pusse être inconnu au reste des hommes. »

Dans les corridors de la Trappe, entre diverses inscriptions, on lisait celle-ci, empruntée de saint Augustin : Retinebam nugae nugarum et vanitates vanitatum antiquae amicae meae. Dans une de ses pensées, Rancé remarque que : « ceux qui meurent, bien ou mal, meurent souvent plus pour ceux qu’ils laissent dans le monde que pour eux-mêmes. »

Bossuet, transmettant à Rancé les oraisons fu-