Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/57

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Un étranger,—un brave voyageur
Passant par là creusa pour le besoin vulgaire
Un puits profond, et puis il le mura,
Et puis y suspendit cuillère et cætera.
Faisant ainsi ce métier de manœuvre,
Notre homme ne pensait faire une bien belle œuvre.
Il se disait : « Peut-être au travailleur
Ce puits pourra servir dans un jour de chaleur »…
Eh bien ! chacun à son envie
Y but … À des milliers ce puits sauva la vie !

Un doux rêveur se promenant un jour
Par son chemin laissa tomber une pensée,
Par un chercheur qui creusait son labour
Pour le bonheur du monde elle fut ramassée ;
Elle était vraie, et forte d’argument,
Et sa clarté servit bientôt renseignement :
D’abord petite, elle grandit sublime,
Et des monts les plus hauts illumina la cime ;
Devint falot—phare étendit son feu
Sur l’univers entier, ainsi que l’œil de Dieu ;
Et son immortel météore
Sur le système humain domine et trône encore !

Un inconnu, sans nom, sans feu ni lieu,
Quotidiennement flânant son existence
Dans le bazar ; laissa dans ce milieu
Tomber un mot d’amour … d’indicible espérance :
Chuchotement à la foule jeté,
Un souffle passager,—mais bientôt accepté :
Car ce doux mot, un vif jet de lumière,
Des horreurs du péché fut relever un frère !…
Par le hazard pensée éclose au jour,
Oh ! germe ! oh ! fantaisie ! oh ! parole d’amour !
N’aviez d’abord une coudée…
Sur le monde aujourd’hui vous dominez… IDÉE !