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Page:Chatelain - Rayons et reflets.djvu/11

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RAYONS ET REFLETS.


PRÉFACE.


Lecteur,

J’ai bien envie de vous brûler cette fois la politesse et de ne pas faire de préface à ce livre.

— « Mais vous n’y pensez pas, mon cher Maître, » me dit une Petite Voix à laquelle je donne l’hospitalité depuis mon enfance, et qui se tient cachée sous les replis les plus secrets de mon for intérieur, « vous n’y pensez pas, un livre sans préface, c’est comme eut été une Maison Romaine sans le Cave canem ou le Salve ! Une préface est chose indispensable, c’est le jour qui doit éclairer le monument, si monument il y a. »

— « Peut-être avez vous raison Petite Voix. Allons ! va pour la préface. Donc je vais dire pourquoi j’ai fait ce livre, pourquoi j’ai mis tel poème, pourquoi j’ai omis tel autre ; tant pis pour te lecteur, si mes confidences l’amusent prou, au moins, lui aurai-je coulé en douceur mon « sic volo, sic jubaeo !  »

— « Mais prenez garde, Maître, » interrompt la Petite Voix, « prenez garde, en écrivant votre préface de ne faire qu’un Moi délayé :

 « Le Moi dans une bouche a plus d’une syllabe !
C’est un écueil qu’il faut éviter à tout prix. »

— « Parbleu, Petite Voix, vous avez raison, je pense entièrement comme vous sur l’inconvenance du Moi — Écoutez plutôt ces quelques vers de ma façon sur ce