La Rose que Marie à son amie Anna
Donna,
Était couverte alors des gouttes d’une averse
Qui lui faisait pencher la tête à la renverse.
L’abondante rosée allourdissait la fleur,
Son cœur
De ses larme gonflé, semblait pleurer encore
Sur les boutons absents qu’elle avait à l’aurore.
Témoin de ses douleurs, je compris son chagrin :
Soudain,
Je la pris vivement pour étancher ses larmes,
Mais je la vis tomber effeuillée — et sans charmes.
Ah ! me dis-je, tel est le rôle qu’ici bas
Hélas !
Bien des gens, parmi nous s’érigeant en Socrates,
Jouent sans remords auprès des âmes délicates.
Si j’eusse su te prendre avec plus de douceur
Ô Fleur !
Pour quelques jours encor tu restais fraîche et belle,
Et faisais l’ornement d’Anna, ta sœur jumelle !
Pour ceux-ci que la mort réunit à la fois
Le tombeau n’est qu’un lit de noces sous la croix ;
Car bien que le destin pouvait de vive force
Entre l’âme et le corps opérer un divorce,
Il s’arrêta devant le commerce si doux
Qui ne faisait qu’un seul de l’épouse et l’époux.
Chut ! voyageur ne pleure mie,
Dans le dernier sommeil leur âme est endormie,