Page:Chatelain - Rayons et reflets.djvu/30

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Mais, comme le colporteur je porte dans mon havresac. à défaut de sonnettes magiques, de l’admiration,—de l’admiration, et j’en possède un grand fonds, pour tout esprit qui traduit sa pensée en vers—pour moi resté le langage des Dieux .... et cette admiration je l’éprouve principalement pour les poètes Anglais parce qu’à mon avis, ils ont beaucoup de jeunesse dans la pensée, aussi beaucoup de profondeur, et de plus une naïveté toujours charmante. Et ici je ne parle pas seulement des poètes auréolés de par nos ayeux, de ceux-là qui nous ont légué des perles, mais je parle aussi des poètes modernes, de ceux même auxquels la critique dénie souventefois le nom de poètes,—parce que dans un volume, par exemple, elle prétend devoir trouver tout —first rate ; tandis que, mon pauvre moi, se contente de trouver dans un volume de trois à quatre cents pages un ou deux petits chefs-d’œuvre .... Il n’en faut pas plus pour me satisfaire.

Or, mon admiration à moi n’est pas égoïste, elle est au contraire extrêmement expansive, c’est à ce point que si je n’en fais pas part à mes compatriotes eu leur disant : “ tenez, voilà du nanan," oh ! alors :

“ I am cabin’d, cribb’d, confin’d.”

C’est donc pour cause de sauté que je confie ces “ Rayons et Reflets" urbi et orbi.

Et maintenant je dois au lecteur un mot sur la manière dont j’ai conçu mon travail de traducteur. . Je me suis étudié, autant que possible, à me conformer aux excellents préceptes formulés par Voltaire.

Or Voltaire fait précéder sa traduction du Jules César de Shakespeare des lignes que voici :

“ On peut traduire un poète en exprimant seulement le fond de ses pensées ; mais pour le bien faire connaître, pour donner une idée juste de sa langue, il faut traduire non seulement ses pensées, mais tous les accessoires. Si le poète a employé une métaphore, il ne faut pas lui substituer une autre métaphore ; s’il se sert d’un mot qui