Page:Chatelain - Rayons et reflets.djvu/38

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Les brebis sur les monts vont broutant la fougère,
Les ruisseaux éveillés font jaser la clairière,
Sois donc le bien venu gentil petit oiseau
Qui vient nous apporter les beaux jours à nouveau.

Avec l’abeille à toi les fraîches matinées,
De l’heure du midi les chaleurs spontanées,
Et le soir en ton nid guidé par le soleil
Va jusqu’au jour suivant goûter un doux sommeil.

Le fleuve, en serpentant, entend ton gai parlage,
Et frémit au contact de ton léger plumage ;
Quand dans l’eau le nuage est sombre et devient mat.
En mirant ta poitrine, il reprend son éclat.

Avec des lacs d’amour l’invisible puissance
Qui te ramène aux lieux où fut ta jeune enfance
Te liera davantage à nous, et dans l’auvent
Tu verras tes petits au berceau bien souvent.

Oh ! ta vie est une hymne à Dieu, gente hirondelle.
À Dieu qui fit pour toi la nature si belle,
Te donnant seulement, telle est sa volonté
Deux saisons pour l’amour, le printemps et l’été.


――――


ALLINGHAM (WILLIAM).


Le Creuset.


Est-il donc devenu cet homme au vaste orgueil
             Dans sa triste métamorphose,
Si peu, si peu, si peu, qu’il n’est plus qu’une chose,
Qu’une date, qu’un nom plaqués sur un cercueil.

             Ce seul homme aujourd’hui posthume,
             Tout orné de talismans d’or,
             Hier prenait son libre essor
             Dans le duvet et sur la plume.
Il était bien servi, bien choyé ; – chaque jour
C’était à qui cherchait à lui faire la cour ;
             Un mouvement de sa prunelle
Arrêtait le travail, l’activait de plus belle :