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À

MON AMI ÉMILE DESCHAMPS.


Cher Émile Deschamps ! charmant, divin poète,
Peintre délicieux dont la docte palette
Au superbe arc-en-ciel emprunte ses couleurs,
Pour mieux, frappant les sens, s’infiltrer en nos cœurs ;
Toi qui Génie actif, ardent (par parenthèse),
Fus un des fondateurs de la Muse Française,
Parmi sa jeune armée, enrôlant, c’était beau !
Nodier, Guiraud, Soumet, Vigny, Latouche, Hugo !
Troupe disciplinée, et forte en vaillantise,
Arborant pour drapeau « l’Ode à la Paix conquise ! »
Toi qui sus, en un soir, par « Un tour de Faveur »
Au théâtre emporter d’assaut le prix d’honneur !
Toi l’Auteur inspiré de ces pages sublimes
Du dernier Roi des Goths, en magnifiques rimes.
Qui nous refait la vie, et nous rend à la fois
Rodrigue et ses amours, Rodrigue et ses exploits !
Toi qui cédant parfait à la mélancolie
Nous donna ces beaux vers : « Ce que pas on n’oublie ! »[1]
Ce que l’on n’oubliera jamais…
C’est à l’Auteur de Tes succès
Que je viens sans façon dédier mon ouvrage,
D’un frère en Apollon daigne accepter l’hommage.
Si mes « Rayons et mes Reflets, »
Rappellent de tes vers les parfums, les bouquets,
Ce délicieux assemblage,
De roses et de lis, de muguets et d’œillets,

  1. Voir ce joli poème, page 390.