dont il eut tant d’orgueil et de joie,
qu’il mit tout son désir à se venger.
Il était sur un arbre, à ce qu’il lui semblait,
et là Jupiter lui lavait le dos et les côtés,
et Phébus aussi lui apportait un linge
pour le sécher, et à cause de ceci son orgueil augmenta ;
et à sa fille, qui se trouvait près de lui,
qu’il savait être pleine de grand savoir,
il ordonna de lui dire ce que cela signifiait,
et elle lui expliqua ainsi son rêve.
« L’arbre, (dit-elle,) veut dire le gibet,
et Jupiter représente la neige et la pluie,
et Phébus, avec son linge si propre,
ce sont les rayons du soleil ;
Tu seras pendu, père, certainement ;
la pluie te lavera et le soleil te séchera. »
Ainsi elle l’avertit tout net et très clairement,
sa fille, qui avait nom Phanie.
Pendu fut Crésus, le monarque orgueilleux,
son trône royal ne lui servit de rien. —
Tragédie n’est rien autre chose[1],
et n’a lieu dans ses chants de pleurer et se lamenter
que parce que la fortune toujours attaque
de coups inattendus les royautés qui sont orgueilleuses ;
car lorsqu’on se fie a elle, c’est alors qu’elle se dérobe
et couvre d’un nuage son visage lumineux…
- ↑ Comparer le Prologue du Moine, v. 3163 et suiv. Ici encore Chaucer suit Boèce, B. 2, Prose 2.