« Expérience, alors que nulle autorité
n’existerait au monde, suffirait bien pour que
je parle, moi, des maux qui sont en mariage.
Car, messeigneurs, depuis qu’ont sonné mes douze ans,
grâces à Dieu de qui la vie est éternelle,
j’ai pris mari cinq fois, au porche de l’église.
Oui, messeigneurs, oui-dà, j’ai eu mes cinq maris.
Et, chacun en son rang, tous furent gens de bien.
Mais je me laissai dire, il n’y a pas longtemps,
que puisque Christ alla une fois seulement
aux noces à Cana, ville de Galilée,
par cet exemple même il m’avait enseigné
que je ne me devais marier qu’une fois.
Écoutez donc aussi quelle verte parole
au bord d’un puits Jésus, l’Homme-Dieu, prononça,
en réprobation de la Samaritaine :
« Tu as eu cinq maris, (dit-il à cette femme)[2],
et cet homme-là qui te possède aujourd’hui,
il n’est point ton mari ! » Ainsi dit-il sans faute.
Ce qu’il a voulu dire par là, je ne le sais,
mais je voudrais savoir pourquoi le cinquième homme
ne fut point un mari pour la Samaritaine.
Combien en mariage pouvait-elle avoir d’hommes ?
Je n’ai encor jamais de ma vie entendu
déterminer ce nombre.
On peut épiloguer et gloser haut et bas,
mais ce que sans mentir je sais expressément,