Point n’eut-il en oubli la peine et le tourment
que Socrate endura avec ses deux épouses ;
comme il reçut le pot de Xantippe à la tète.
Le sot ne remua non plus que s’il fût mort.
Il s’essuya la tête et il n’osa mot dire
hormis : « Tant tonne-t-il qu’à la fin pluie descend ».
Quant à Pasiphaë, qui fut reine de Crète,
dans sa méchanceté, il goûtait son histoire.
Fi, ne me parlez pas — c’est chose repoussante —
de son horrible envie et de son goût pervers.
Celle de Clytemnestre, avec sa paillardise,
qui fit traîtreusement trépasser son époux,
fort dévotieusement il se mit à la lire.
Il me conta encore quelle fut la raison
pourquoi Amphiaras perdit la vie à Thèbes.
Mon mari possédait l’histoire de la dame,
Eriphile, laquelle, au prix d’un collier d’or,
alla perfidement dire aux Grecs le secret
du lieu dont son mari avait fait sa cachette,
dont il advint grand mal à Thèbes au pauvre homme.
De Livie conta-t-il, et de Lucilia.
Elles firent, ces deux, trépasser leur mari :
l’une agit par amour et l’autre agit par haine.
Livie, elle, le sien, avant dans la soirée,
elle l’empoisonna, étant son ennemie.
Lucilia, paillarde, aima tant son mari
que, pour que constamment sa pensée fût à elle,
elle lui donna philtre amoureux ainsi fait
qu’avant que le matin parût il était mort.
Et c’est ainsi toujours que deuil vient aux maris.
Et puis il me conta comment Latumius
venait chez Arrius son compère se plaindre
de ce qu’en son jardin il poussait arbre tel
que, à ce qu’il contait, tour à tour ses trois femmes,
ayant cœur dépiteux, étaient allées s’y pendre.
« O mon cher compagnon, repartit Arrius,
donne-moi donc un plant de cet arbre béni
et dedans mon jardin je m’en vais le planter[1]. »
- ↑ On trouvera cette anecdote dans le volume Medieval Tales de la collection Morley’s Universal Library sous le titre The Tree of Palatinus, p. 132.