Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/338

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que fut jamais femme depuis que le monde fut fait.
Et si je ne suis demain aussi belle à voir
qu’aucune dame, empérière ou reine,
qui vit entre l’orient et l’occident,
prononcez sur ma vie et sur ma mort comme vous voudrez.
Levez la courtine, voyez ce qu’il en est. »
1250Et quand le chevalier vit vraiment ceci,
qu’elle était si belle et si jeune aussi,
de joie il la prit entre ses deux bras,
le cœur tout baigné d’un bain de félicité ;
il se mit à la baiser mille fois de suite.
Et elle lui obéit en toute chose
qui pouvait lui donner agrément ou plaisir.
Et ainsi ils vivent jusqu’à la fin de leur vie,
en parfaite joie ; et Jésus-Christ nous envoie
des maris obéissants, jeunes et frais au lit,
1260et la grâce de survivre à ceux que nous épousons.
Et aussi je prie Jésus d’accourcir la vie
de ceux qui ne veulent être gouvernés par leurs femmes ;
et aux vieux courroucés chiches à la dépense,
que Dieu envoie bientôt sa male peste.


Ici finit le conte de la Femme de Bath.