Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/553

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est assez pour toute une ville ; le mariage aussi peut devenir adultère quand ce sacrement n’est pas traité honnêtement ni gardé en grande révérence ou quand le mari et la femme sont parents à un certain degré ; adultère enfin est ce péché abominable que à grande peine peut-on nommer. « Ce péché déplaît tant à Dieu qu’il en fit pleuvoir feu ardent et soufre sur la cité de Sodome et de Gomorrhe et en fondit cinq cités en abîmes. » Adonc les hommes doivent se comporter sagement sans quoi ils peuvent très grièvement pécher.

Chasteté et Continence sont les remèdes de Luxure. Chasteté est de deux façons, dans le mariage et dans le veuvage. Mariage est union légitime de l’homme et de la femme lesquels reçoivent par la vertu du sacrement le lien qui ne peut être séparé pendant toute la vie, c’est-à-dire pendant qu’ils vivent tous deux. Afin de sanctifier le mariage, Dieu assista a des noces où il changea l’eau en vin. Mariage efface fornication et réunit les cœurs aussi bien que la chair de ceux qui sont mari et femme. Tel est vrai mariage. L’homme se doit comporter avec sa femme en patience et respect : ce n’est point du chef d’Adam que Dieu tira la femme, pour qu’elle eût empire sur lui, ni de son pied pour qu’elle fût outre mesure abaissée, mais de la côte d’Adam, afin qu’elle fût sa compagne. La femme doit obéir au mari, le servir honnêtement, être de mise modeste, avoir de la mesure et de la retenue dans ses propos et sa conduite, enfin lui garder la foi comme il la lui garde. Car mariage a trois fins, avoir lignée, se faire réciproquement don de son corps, éviter paillardise. — Chasteté est aussi dans le veuvage. Veuves doivent être nettes de cœur aussi bien que de corps et de pensée, modestes en leur mise, sobres dans le boire et le manger, en paroles et en actes. — Rester vierge est tierce façon d’être chaste. Virginité mérite les louanges de ce monde, elle rapproche des martyrs, elle a en soi ce que lèvres ne peuvent dire ni cœur concevoir. — Autres remèdes sont de fuir les excès de table, et les mauvaises compagnies et qu’aucun homme ne se fie à sa propre perfection à moins d’être plus fort que Samson, plus saint que David, plus sage que Salomon.

Maintenant, après avoir énuméré les sept péchés capitaux, quelques-unes de leurs branches et leurs remèdes, je voudrais, si je le pouvais, vous parler des dix commandements ; mais une si haute doctrine, je la laisse aux théologiens. Néanmoins qu’il plaise à Dieu qu’on ait été touché par ce traité, tous jusqu’au dernier.

[Ici le prédicateur revient à son sujet par une transition assez maladroite, laissant soupçonner l’interpolation].

De Confessione.

Or, comme la seconde partie de Pénitence consiste en Confession des lèvres, ainsi qu’il a été dit au premier chapitre, je dis, selon saint Augustin, que péché est toute parole, tout acte, toute intention contraire à la loi de Jésus-Christ, c’est-à-dire pécher par le cœur, les lèvres, en fait, par les cinq sens. Il faut considérer qui tu es qui commets le péché, si tu es homme ou femme, jeune ou vieux, noble ou serf, affranchi ou esclave,