Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/554

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en bonne santé ou malade, marié ou célibataire, dans les ordres ou non, sage ou fol, clerc ou séculier. Autre circonstance est si le péché a été commis par fornication, adultère ou inceste ; si c’est un homicide, un horrible grand péché ou un petit, et combien de temps le péché s’est prolongé. Autre considération est le lieu où l’on a péché, quels en furent les complices, le nombre de fois qu’on a failli, par suite de quelles tentations et en quelle manière. L’homme et la femme, chacun de son côté, diront tout ouvertement, afin que le prêtre, qui est un juge, prononce son arrêt en connaissance de cause, après contrition du pécheur. — Pour que Confession soit profitable, il faut quatre conditions ; premier elle doit être faite dans l’amertume et le chagrin du cœur ; laquelle condition a cinq signes : honte, humilité, larmes, désir de parler malgré honte ressentie, obéissance à la pénitence imposée, chacun desquels signes se voit dans la confession du publicain, de saint Pierre et de Madeleine. Une autre condition à Confession est qu’elle soit faite rapidement, de peur de mort subite. Néanmoins il n’y faut pas mettre de la précipitation puisque la récapitulation des péchés exige quelque réflexion. Autres conditions sont les suivantes : Confession doit être faite librement, un prêtre régulièrement ordonné doit la recevoir, elle ne doit renfermer aucun mensonge, enfin elle doit être fréquente. « Une fois l’an au moins, car certes une fois l’an toutes choses sont renouvelées. »

Troisième et dernier point. — La troisième partie de Pénitence est satisfaction qui consiste en aumône et en peines corporelles. Aumônes sont de trois sortes : contrition de cœur, quand l’homme fait offrande de soi à Dieu ; compassion pour autrui ; don de bons conseils spirituels et temporels. L’homme en effet a besoin de nourriture, de vêtements, de refuge, de conseils charitables, de visites quand il est en prison ou malade, d’une sépulture après sa mort. Telles sont aumônes et tu en ouïras parler au jour du jugement. Ces aumônes tu les feras selon tes capacités et en t’en cachant. — Peines corporelles sont prières, veilles, jeûnes, enseignement d’oraisons. La prime oraison est le Paternoster, en lequel Jésus a compris la plupart des choses ; en trois choses est cette oraison privilégiée : Jésus-Christ la fit, elle est courte et facile à retenir, elle renferme en soi toutes les autres. Cette prière il la faut dire avec foi, en honnêteté et charité. Après il faut veiller, car veillez, a dit Jésus-Christ, et priez de peur de tomber dans la tentation. Ensuite jeûner, or jeûnes sont de trois sortes, selon que l’homme s’abstient de viandes, de réjouissances, de péchés. Enseignement ou discipline consiste à donner l’exemple par la parole, l’écrit, la conduite ; à porter le cilice, à se frapper la poitrine, se flageller, rester à genoux, supporter grandes et pitoyables tribulations. Quatre choses troublent Pénitence : peur, honte, espoir, désespérance ; peur de la souffrance ; honte de réciter ses péchés ; espoir de vivre longtemps et de mériter la pitié du Christ ; désespérance de la miséricorde divine et de son propre amendement.

Péroraison. — Ainsi pourra-t-on comprendre quel est le fruit de Pénitence, à savoir, selon la parole de Jésus-Christ, l’éternelle béatitude du ciel ; là, joie n’a ni contrariété de malheur ni chagrin ; là, c’en est fini de tous les maux de la présente vie ; là, le corps de l’homme, naguère ord et noir, est plus