Page:Chaudon, Delandine, Goigoux - Dictionnaire historique, tome 1.djvu/14

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lui dont le prêtre était le ministre. À l’endroit de l’éphod qui répondait aux épaules du grand-prêtre, il y avait deux grosses pierres précieuses où étaient gravés les noms des douze tribus, six sur chacune ; et à l’endroit où il se croisait sur la poitrine, il y avait un ornement carré nommé rational. La préférence qu’Aaron avait obtenue pour le souverain pontificat, occasionna bien des troubles parmi le peuple. Coré, Dathan et Abiron, jaloux de l’honneur du sacerdoce, se révoltèrent, et furent abîmés avec leur famille dans la terre qui s’entr’ouvrit. Cette terrible punition fut suivie de plusieurs autres non moins effrayantes. Deux cent cinquante hommes, du parti des rebelles, ayant eu la témérité d’offrir de l’encens à l’autel, il en sortit un feu qui les consuma. Comme le peuple murmurait de la mort de tant de personnes, le feu du ciel enveloppa cette multitude, et l’eût exterminée entièrement, si Aaron ne se fût mis, l’encensoir à la main, entre les morts et les vivans pour apaiser la colère de Dieu. Un nouveau miracle confirma son sacerdoce, et fit cesser les murmures du peuple. Moïse ordonna qu’on plaçât dans le tabernacle les douze verges des différentes tribus. On convint de déférer la souveraine sacrificature à la tribu dont la verge fleurirait : Le lendemain, celle de Lévi parut chargée de fleurs et de fruits. Aaron fut donc reconnu grand prêtre. Pour conserver la mémoire de cet événement miraculeux, Dieu voulut que la verge fût mise dans le tabernacle, où elle conserva ses feuilles et ses fruits, pour convaincre à jamais les Juifs du miracle qui s’était opéré…

Toutes les fonctions d’Aaron et de ses enfans se rapportaient au culte de Dieu. La principale et celle qui les occupait le plus dans le ministère du tabernacle, était le sacrifice : ils avaient soin d’entretenir les lampes, et le feu qui devait toujours brûler sur l’autel des holocaustes, de faire brûler, sur l’autel, les parfums qu’ils composoient eux-mêmes, de démonter le tabernacle quand le peuple avait ordre de décamper, et de le dresser quand on était arrivé au lieu du campement. Outre le service du tabernacle, ils étaient chargés d’étudier la loi du Seigneur, et d’en donner au peuple la véritable intelligence, de juger de la lèpre, des causes de divorce, et de ce qui était saint ou profane, pur ou impur. Ils donnaient en public au peuple la bénédiction au nom du Seigneur, et dans la guerre ils portaient l’Arche d’alliance, consultaient le Seigneur, sonnaient des trompettes. Eux seuls avaient le privilége d’entrer dans le tabernacle ; mais aucun d’eux, excepté le grand-prêtre ne pouvait aller au-delà du voile qui fermait le Saint des Saints. C’était une des prérogatives du souverain pontife, encore lui était-il défendu, sous peine de mort, d’y entrer, si ce n’est un seul jour de l’année, qui était celui de l’expiation solennelle. Aaron jouit de tous ces droits. Il soutint, avec Hur, les bras de Moïse, pendant que Josué exterminait les Amalécites. La gloire d’Aaron aurait été sans tache, s’il ne l’avait ternie par la faiblesse qu’il eut de condescendre aux instances que lui fit le peuple d’élever un veau d’or pour l’adorer, pendant que Moïse était sur la montagne de Sinaï. Ces deux illustres frères