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dée par le grand-seigneur et par les états, et qu’il y aurait entre les Impériaux et les Transylvains une alliance défensive. Michel Abaffi mourut à Weissembourg en avril 1690. Son fils Michel lui succéda, et fut reconnu par l’empereur pour prince de Transylvanie. Le comte Tékéli, aidé des Turcs, qui de leur côté l’avaient nommé, lui disputa cette principauté ; il s’empara de plusieurs places en 1690. Pendant la même campagne, le grand-visir Coprogli battit l’armée impériale, et reprit plusieurs places que l’empereur avait conquises sur eux, telles que Nissa, Widin, Sémendria, Belgrade et plusieurs autres. La désunion qui existait dans l’empire turc empêcha le comte Tékéli de conserver ses conquêtes en Transylvanie, et les Impériaux reprirent tout ce qu’ils avaient perdu dans cette principauté, qui leur demeura par la paix de 1699. Ce prince ayant épousé la fille de George Bethlem, comte de Transylvanie, contre la volonté de l’empereur, qui n’attendait qu’un prétexte pour le dépouiller, fut mandé à Vienne et contraint de céder tous ses droits de souveraineté, pour une pension de 45,000 florins et le titre de prince du Saint-Empire. Il mourut à Vienne le 1er février 1713, âgé de 36 ans. Depuis cette époque, la Transylvanie est restée sous la domination de la maison d’Autriche. Le temps a déjà consacré cette spoliation.

ABAGA ou ABAKA, roi des Tartares, envoya des ambassadeurs au second concile général de Lyon en 1274, soumit les Perses, et se rendit redoutable aux chrétiens de la Terre-Sainte, par sa puissance et par sa valeur.

ABAILARD ou ABÉLARD (Pier-

re), religieux de l’ordre de St.-Benoît, naquit en 1079, d’une famille noble, à Palais, petit bourg près de Nantes, dont Bérenger, son père était seigneur. Il était l’aîné de ses frères ; il leur laissa tous les avantages de son droit d’aînesse, pour se livrer entièrement à l’étude. La dialectique était la science pour laquelle il se sentait le plus de goût et de talent. Mettant sa gloire à embarrasser, par ses raisonnemens, les hommes les plus déliés de l’Europe, il se rendit à Paris auprès de Guillaume de Champeaux, archidiacre de Notre-Dame, qui fut depuis évêque de Châlons-sur-Marne et le plus grand dialecticien de son temps. Abailard chercha d’abord à s’en faire aimer, et n’eut pas de peine à réussir. Mais l’avantage qu’il obtint dans plusieurs disputes lui attira l’aversion de son maître et l’envie de ses condisciples. Ce redoutable athlète se sépara d’eux pour aller soutenir des assauts ailleurs. Il ouvrit d’abord une école à Melun, ensuite à Corbeil, enfin à Paris. Son nom devint si célèbre, que tous les autres maîtres se trouvèrent sans disciples. Le successeur de Guillaume de Champeaux, dans l’école de Paris, lui offrit sa chaire et ne rougit pas de se mettre au nombre des siens. Abailard devint le docteur à la mode. Il joignait aux talens de l’homme de lettres, les agrémens de l’homme aimable. S’il fut admiré des hommes, il ne plut pas moins aux femmes. Il y avait alors à Paris une jeune demoiselle nommée Louise ou Héloïse, âgée de 17 ans, pleine d’esprit et de charmes, nièce de Fulbert, chanoine de Paris. Son oncle, qui l’aimait tendrement, entretenait la passion qu’elle avait de devenir savante. Abailard trou-