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gade, et fut employé à l’avant-garde de l’armée de Rhin-et-Moselle, sous les ordres du général Férino, pendant la campagne de 1796. Dans la journée du 4 messidor an 4 (22 juin 1796), où les Français passèrent le Rhin, il dirigea une des attaques contre le fort de Kehl ; et, le 20 octobre de la même année (28 vendémiaire an 5), il contint l’ennemi et protégea la retraite près de Neubourg. En novembre, il commandait dans Huningue en qualité de général de division. On le chargea de défendre l’ouvrage à cornes qui était à la tête du pont à l’époque de l’attaque vigoureuse que firent les Autrichiens dans la nuit du 10 frimaire (1er ou 2 décembre). Il fut dangereusement blessé dans la grande île du Rhin en face d’Huningue, et mourut quelques jours après, âgé de 26 ans. Il avait pendant toute cette campagne, ainsi qu’à l’armée du Nord, donné des preuves du plus grand courage. Cette mort, et la reddition d’Huningue, qui s’ensuivit ; occasionnèrent des poursuites de la part du gouvernement français contre plusieurs officiers bâlois, accusés d’avoir favorisé la marche et l’attaque des Autrichiens, et dont les ministres Bacher, et surtout Mengaud, sollicitèrent vivement la punition comme coupables d’assassinat envers Abatucci et ses compagnons. On érigea en 1803, aux environs de Bâle, un monument en sa mémoire. En 1820, on a ouvert une souscription, presque européenne pour la restauration de ce monument.

ABAUNZA (Pierre.), auteur espagnol, né à Séville, a laissé sur les décrétales, un ouvrage intitulé : Ad Titutum XV, de Sagittariis, libro V, Decreta-

tium prœtectio. On trouve cet ouvrage dans le Novus Thesaurus Juris civilis canonici, de

Gérard Meerman, 7 vol in-fol. La Haye, 1751–54. Abaunza composa aussi un commentaire espagnol sur quelques livres de Martial. Cet ouvrage est resté en manuscrit. Abaunza est mort vers 1649, âgé de 50 ans.

ABAUZIT (Firmin), naquit à Uzès, le 11 novembre 1679, de parens calvinistes ; sa mère, persécutée en France, et privée de son fils, réussit cependant à l’envoyer à Genève en 1689. Il fut bibliothécaire de cette dernière ville, où il vécut dans une sage obscurité. Il se retira sur la fin de ses jours dans une petite solitude tout près de Genève : c’est là qu’il termina sa longue carrière le 20 mars 1767. C’était un homme  sans prétention, sans faste, doux, communicatif, officieux. Ses études et ses voyages avaient étendu ses lumières sur presque toutes les sciences. Dans un voyage qu’il fit en Hollande en 1698, il gagna l’amitié de Bayle et l’estime de Basnage et de Jurieu. À Londres, Saint-Evremont se plut avec lui et Newton lui envoya son Commercium epistolicum avec ces mots : Vous êtes bien digne de juger entre Leibnitz et moi. Jean Perry, cet ingénieur habile qui alla en Russie exécuter les projets du czar Pierre, fut son ami particulier. Enfin, la réputation d’Abauzit parvint jusqu’au roi Guillaume, qui lui fit des offres avantageuses pour le retenir en Angleterre ; mais la tendresse maternelle le rappela à Genève. Abauzit n’était pas moins recommandable par son caractère que par l’étendue de son savoir. Il était religieux par principe et chrétien par conviction,