Page:Chaudon, Delandine, Goigoux - Dictionnaire historique, tome 15.djvu/74

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une école de charité de sa paroisse, et suivit ses études, en 1740 dans l’université de Kœnigsberg. Il y fit des progrès, devint répétiteur dans les écoles de l’université, et ensuite précepteur des enfans d’un ecclésiastique. Il quitta cet emploi pour donner des leçons particulières : enfin, nommé professeur de philosophie, il établit alors une école dont la doctrine a de nos jours beaucoup de partisans en Allemagne. Les premiers ouvrages qu’il publia furent : I. Pensées sur la véritable évaluation des forces vitales, Kœnigsberg, 1748. II. Histoire naturelle de l’univers, ibid., 1755, in-8o. III. Théorie du ciel d’après les principes de Newton, ibid. in-8o. Il établit dans cette théorie des conjectures et une hypothèse sur des corps célestes qui devaient exister au-delà de Saturne (Herschell n’ayant découvert Uranus que 26 ans après.) IV. Traité des premiers éléments des connaissances humaines, ibid., 1762 ; (en latin). V. Essai de la manière dont on pourrait introduire dans la philosophie l’idée des grandeurs négatives, ibid., id. Quoique les ouvrages que nous venons d’indiquer aient commencé à établir sa réputation, ceux qui attirèrent sur lui toute l’attention du public, furent les suivans : VI. Unique base possible à une démonstration de l’existence de Dieu, Kœnigsberg, 1464. C’est de 1764 à 1781 qu’il prépara dans le monde philosophique cette révolution, qui eut lieu par la publication de son livre intitulé : VII. Critique de la raison pure, Kœnigsberg ; 1781, reproduit en 1803, sous le titre de Traité préparatoire pour chaque métaphysique qui désormais pourra paraître comme science. Tous les ouvrages qui concernent la philosophie critique ont été mis en latin par T. G. Born, Leipsig, 1796-98, 4 vol. in-4o. M. Ch. Villers a traduit en français la Philosophie de Kant ; Metz ; 1801, 2.vol., in-8o. Nous ne citerons pas les autres ouvrages de ce philosophe, comme sa Métaphysique des mœurs, etc., tous calqués sur la même doctrine, et qui tous furent censurés par plusieurs savans et par les journaux de l’Allemagne. Sa doctrine se répandit dans toute l’Allemagne, et Schelling et, Fitche cherchèrent à l’étendre et à l’éclaircir. On la prêche dans quelques églises de Kœnigsberg sous le nom de Christianisme national. « Kant, dit un écrivain ecclésiastique, se perd dans des abstractions et dans une idéologie vague et obscure. Les uns l’admirent, les autres se plaignent qu’il ait détruit la religion en voulant l’expliquer ; que sa raison pure, et sa raison critique ne soient, autre chose que le déisme pur ; que l’auteur, en ne voulant considérer le christianisme que comme une religion purement éthique ; ou morale ; annonce assez qu’il n’en reconnaît pas les mystères ; qu’il fasse de Jésus-Christ un idéal, qu’il ne faille dans ce système ni prières, ni sacrifices, ni cérémonies, etc. Au surplus, toute cette théorie est si embarrassée, que ses disciples se sont disputés pour savoir quelle était la doctrine du maître. Schelling et Fitche prétendent l’avoir perfectionnée ; Kant n’avait fait que les mettre sur la voie ; il se flattent de s’être élevés plus haut. Ils ont chacun