Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/126

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suivre. On étoit arrivé à la portée du trait, lorsque l’air se couvrit d’une obscurité si épaisse, que quelques historiens l’ont prise mal-à-propos pour une éclipse de soleil. Après un murmure sourd, il s’éleve tout-à-coup un vent impétueux qui attaque l’armée d’Eugene, selon le rapport de quelques auteurs crédules ; d’affreux tourbillons arrachent à ses soldats les armes des mains, dissipent leurs traits, tandis qu’ils donnent plus de force à ceux de Théodose. Les troupes d’Eugene aveuglées de poussiere, & accablées des traits des ennemis, prennent la fuite, & celles qui restent reconnoissent Théodose pour empereur, parce qu’il étoit victorieux.

Le tyran reposoit alors avec sécurité sur une éminence. Voyant venir à lui quelques-uns de ses soldats qui couroient avec précipitation, il s’imagine qu’on lui apporte la nouvelle de sa victoire. Où est Théodose ? s’écria-t-il, me l’amenez-vous enchaîné, comme je vous l’ai commandé ?… C’est vous-même, répondent les soldats, que nous allons conduire à Théodose ; Dieu, plus puissant que vous, nous l’ordonne ainsi. En même tems ils lui arracherent la pourpre, l’enchaînent, & le traînent avec eux. On le