le nez & les levres, & il le relegua ensuite dans un monastere. Il traita aussi avec la derniere rigueur plusieurs autres personnes qui lui devinrent suspectes par leurs regrets, & l’on se croyoit trop heureux lorsqu’il se contentoit de dépouiller quelques-uns des emplois & des dignités qu’ils possédoient dans l’état.
Tandis que ce monstre féroce intimidoit Constantinople par son humeur vindicative & cruelle, il s’élévoit en Asie des vengeurs du prince qu’il avoit privé du sens le plus agréable. Quelques personnes qui lui étoient attachées, entreprirent de faire passer pour Jean Lascaris, un jeune homme qui avoit perdu la vue. Elles dirent qu’elles l’avoient enlevé de sa prison, elles affectoient de lui rendre de grands honneurs, & le conduisirent comme en triomphe à Nicée ; les habitans y firent peu d’attention, mais les gens de la campagne s’y attacherent pour satisfaire au ferment de fidélité qu’ils avoient prêté à Lascaris son pere, & pour venger les injures que le fils avoit reçues. Ayant revêtu ce jeune homme des marques de la dignité impériale, ils le reconnurent pour leur souverain, & prirent les armes pour le défendre.