Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/187

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Lacane, dont l’élevation tenoit du prodige, désoloit le pays, & réduisoit à son obéissance tous les lieux où il passoit. Les troupes de l’empereur occupoient les environs de Ternove ; & leur irruption étoit d’autant plus à craindre pour cette princesse, que les ménagemens qu’elles avoient pour les peuples grossissoient de jour en jour le parti d’Alan. Ne pouvant résister en même tems à deux puissances aussi formidables, elle résolut d’abord d’avoir recours à l’empereur, & de le supplier de la maintenir sur le trône où il l’avoit élevée. Ce parti étoit le seul convenable ; l’honneur & la bienséance ne lui permettoient pas de se jetter entre les bras d’un cruel usurpateur, dont les mains étoient teintes du sang de son mari ; mais ces considérations étoient combattues par des motifs d’intérêt. Comme elle souhaitoit avec ardeur de garder la couronne pour elle & pour son fils, elle jugeoit bien que l’empereur ne la lui laisseroit pas, en ayant disposé en faveur de sa fille & de son gendre.

Quoiqu’il n’y eût aucune apparence que Lacane voulût la laisser jouir de l’autorité souveraine dont il étoit si jaloux, elle préféra son alliance à celle