carosse de cette princesse, & lui donna, en l’abordant, les plus grandes marques de tendresse & de respect.
Marie jetta d’abord sur lui des regard incertains ; son air triste & morne annonçoit à Griska ce qu’il avoit à craindre. L’imposteur eut recours dans ce moment à l’adresse & à l’astuce ; il commença par faire des imprécations contre la mémoire de Godunof ; ensuite il demanda pardon à sa mere des maux qu’elle avoit endurés depuis la mort d’Yvan son pere, & finit par lui dire qu’il cherchoit à les lui faire oublier par ses soumissions & son empressement à se porter à tout ce qu’elle pourroit desirer.
Marie reléguée depuis long-tems dans le fond d’un cloître au nord de la Russie, avoit des motifs assez pressans pour reconnoître Griska pour son fils. Elle fit un effort sur elle-même pour feindre toute la joie possible, & pour lui exprimer sa tendresse par des larmes & des transports auxquels le cœur n’avoit aucune part. Elle reprenoit, pour ainsi dire, une nouvelle vie, en recouvrant sa liberté. Obligée de céder aux circonstances, & de s’y plier, elle avoit tout à craindre en démasquant l’usurpateur. Elle le pria