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Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/305

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ver dans la grandeur. La fin cruelle de Griska, les outrages dont elle fut accompagnée, auroit dû mettre des bornes à l’ambition de cette princesse. Elle alla trouver Demetrius, & le reconnut pour son mari en présence de toute l’armée ; elle l’embrassa avec transport, & lui donna les marques les plus caractérisées d’une grande joie & d’une vive tendresse. On feignit qu’une indisposition avoit retardé cette démarche pendant les dix jours qui s’étoient écoulés depuis son arrivée au camp. Une infinité de gens se trouverent affermis par cette reconnoissance simulée dans le parti de Demetrius ; & toute la Moscovie, à la réserve des provinces de Novogorod & de Smolensko, le reconnut. Il auroit sans doute régné paisiblement, si la Pologne avoit continué à lui donner du secours, & si le roi Sigismond, voulant profiter des troubles de Moscovie, n’avoit pas songé à s’en rendre maître.

L’armée de Demetrius s’affoiblit par la désertion des Polonois ; le désordre se mit dans ses troupes, & les Moscovites, lassés du gouvernement de Zuski, affoiblis par des pertes continuelles, fatigués des embarras de la guerre, se voyant encore exposés aux malheurs