de Chio. Pendant le peu de séjour que l’on y fit, un religieux Dominicain, accusé d’avoir parlé contre la religion des Turcs, étoit persécuté par les habitans de l’isle, qui le pressoient de renoncer au christianisme. Lui qui préféroit son salut à sa vie, résistoit fortement à cette persécution ; & peut-être eût-il adouci l’esprit de ses persécuteurs, si l’eunuque, irrité de sa fermeté qu’il traitoit d’opiniâtreté & de mépris, n’eût demandé qu’on le brûlât vif, ce qui fut exécuté sur l’heure, en 1644.
» La providence divine destinoit son petit favori & nourrisson pour remplir la place dans l’ordre de ce bon religieux : en quoi certe ses jugemens sont tou-à-fait incompréhensibles. Après avoir quitté l’isle, la caravane fut battue d’une si furieuse tempête, qu’elle fut contrainte de relâcher à l’isle de Rhodes. Le vent paroissant favorable, elle se remit en mer. À peine eut elle fait quinze lieues, qu’on apperçut six galeres. Leur éloignement empêchant d’abord qu’on ne les pût discerner, l’assurance avec laquelle ceux qui étoient sur la caravane croyoient voyager, leur persuada