vérité de la religion qu’il avoit embrassée ; il prêcha pendant quelque tems les rêveries du Mahométisme. Sa principale raison étoit que la race d’Isaac étant éteinte, ils devoient s’attacher à celle d’Ismaël, c’est à-dire, aux Turcs ; autrement, ajoutoit-il, vous ne pouvez vous dire enfans d’Abraham. Voilà une doctrine bien différente de la premiere ; mais son éloquence ne réussit pas à leur faire changer de croyance, & il ne fut pas aussi facile de persuader la vérité des prodiges de Mahomet, qu’il le lui avoit été de se faire passer pour un homme à miracles.
On peut bien penser quelle fut leur confusion, en réfléchissant sur une si étrange métamorphose ; ils ne voyoient dans Sabatei qu’un abominable prédicateur du mensonge, & ils rougissoient de l’avoir appellé auparavant la bouche de la vérité ; ils étoient si honteux, qu’ils n’osoient plus paroître devant le peuple. Les Turcs & les chrétiens leur reprochoient sans cesse leur facilité à se laisser tromper par un fourbe, eux qui montrent tant d’astuce dans le plus petit négoce, & qui sont si opiniâtres à rejetter la croyance du véritable messie.