divine ; & par le moyen de la racines d’un arbre qu’il mâchoit, qu’on nomme l’herbe au foulon, il écumoit extraordinairement. Les sots attribuoient ces grimaces dégoûtantes à la force du dieu qui le possédoit. Il avoit préparé, long-tems auparavant, une tête de dragon faite de linge, qui ouvroit & fermoit la bouche par le moyen d’un crin de cheval, pour s’en servir avec un serpent qui devoit faire le principal personnage de sa comédie. C’étoit un de ces serpens de Macédoine, qui sont si privés, qu’ils tettent les femmes, & jouent avec les enfans.
Lorsqu’il voulut opérer ses prodiges, il se transporta la nuit à l’endroit où l’on creusoit les fondemens du temple. Y ayant trouvé de l’eau de source ou de pluie, il y cacha un œuf d’oye où il avoit enfermé un petit serpent qui ne faisoit que de naître. Le lendemain il vint tout nud, de grand matin, dans la place publique, ceint d’une écharpe dorée, tenant dans sa main sa faulx, & secouant sa longue chevelure, à l’exemple des prêtres de Cybele. Dans cet état, il monte sur un autel élevé, & crie au peuple que ce lieu étoit heureux d’être honoré de la naissance d’un dieu. À ces mots toute la ville accourue à ce spec-