Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/95

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avoient vu naître, & qui étoit parvenu dans un instant à une si prodigieuse grosseur, & qui portoit la figure humaine. Il eût fallu un Épicure ou un Démocrite pour reconnoître la tromperie, ou quelque philosophe éclairé qui, connoissant le pouvoir & les bornes de la nature, auroit bien soupçonné qu’il y avoit de la fourberie, quand même ils n’auroient pu la découvrir. Toute la Bythinie, la Galatie, la Thrace, accouroient en foule sur le rapport de la renommée. On en envoyoit des portraits par-tout avec des statues d’argent & de cuivre, faites d’après nature ; on publioit même un oracle qui prédisoit son nom, & l’appelloit Glycon, le troisieme sang de Jupiter, qui apportoit la lumiere aux hommes. Notre imposteur voyant les esprits fascinés, rendoit des oracles pour de l’argent, à l’exemple d’Amphiloque, qui, après la mort de son pere Amphiarus, chassé de Thebes, se retira en Asie, où il prédisoit l’avenir aux barbares pour quelques oboles. Alexandre fit donc publier que le dieu rendroit ses réponses lui-même dans un certain tems, & qu’on écrivît ce qu’on voudroit lui demander sur un billet cacheté. Alors s’enfermant