Page:Chaupy - Découverte de la maison de campagne d’Horace, Tome 1.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
Découv. de la Maison

Gloire. Il savoit que le Pere de la Patrie en haïroit éternellement le destructeur : & il avoit eu beau le priver du Triomphe qui lui auroit eté dû, il eut aſſez de Gout pour voir, & aſſez de ſincerité pour dire, que tous les Triomphes des plus grands hommes de Rome ſans en excepter les ſiens, n’étoient rien en comparaiſon de celui que Cicéron avoit mérité, pour avoir porté la Gloire de ſa Patrie par ſes Talens, plus loin que perſonne ne l’avoit pu faire par les Armes. Ennemi, & Rival, il eut l’Héroiſme plus grand que tous les autres qu’on vante en lui, d’oublier en faveur de Cicéron ſa maxime que le motif de l’Empire juſtifie toutes ſortes d’actions. Il lui fit dire qu’il n’avoit rien à redouter.

Cicéron ſe fia à cette parole avec d’autant plus de grandeur d’ame, qu’il ſe ſentoit bien incapable d’oublier ſon ancienne Dignité pour ſuivre la nouvelle servitude. Il aima mieux ne plus paroitre à Rome, que d’aller groſſir la Cour du nouveau Maître. Il ſe confina dans ſes Campagnes, où il paſſa ſon tems à faire avec ſes Amis ces exercices littéraires dont j’ai parlé, ce qui lui faisoit écrire à Pœtus avec beaucoup de grace, que ſemblable à ce Roi de Syra-