aucun ſervice, mais encore ſans aucune choſe qui puiſſe ſervir ſoit à ſe vêtir, ſoit à se coucher pour contracter dés ſes plus jeunes ans l’habitude d’une vie dure & qui ignore les beſoins. Toute la nourriture eſt celle qu’on peut ſe procurer avec ſes traits, ainſi que toute la boiſſon celle qui est fournie par les Fontaines d’eau, auxquelles la vie qu’on mene peut faire ajouter celles de lait. Ainſi ſe naturaliſe-t-on avec ce que les travaux guèrriers peuvent avoir de plus pénible[1]. Une telle Nation ne pouvoit trouver de ſupérieur qu’en elle même . C’eſt ce qui arriva aux Lucaniens de la part des Brutiens.
XXVIII. Origine particulière des Brutiens.
Ce nouveau peuple n’avoit été dans ſon origine que ces bergers même de Lucanie, qui tenoient l’ecole de vie dure que nous venons de voir : Ils étoient eſclaves & ſe ſentoient dignes de la liberté. Ils eurent le courage de ſe la donner eux mê-
- ↑ Ab initio pubertatis (Lucanorum libre) in Silvis inter Paſtores habebantur ſine miniſterio ſervili ſine veſte quuam induerent vel cui incubarent ; ut a primis annis duritiæ parcimoniæque aſſueſcerent. Cibus præda venatica ; Potus aut lactis aut Fontium liquor erat : ſic ad labores bellicos indurabantur. Juſtin. Hiſtor. lib. XXIII. num. I.
