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CHARLES GUÉRIN.

petite croix ! Je l’ai bien cherchée et j’ai été bien en peine. Je sois doublement heureuse de la retrouver de cette manière. Cela me paraît un heureux présage.

— Que veut donc dire cette date ? Et quel mystère y a-t-il ?

— Vous saurez cela plus tard, répondit Clorinde tristement. Puis elle ajouta vivement : Irez-vous demain chez Madame Norton ?

— Est-ce que vous y serez ?

— Oui, je compte y aller. Si vous venez, n’amenez point ce Monsieur Voisin qui ne se sépare pas de vous plus que votre ombre.

— Mais pourquoi donc ? Quel mal vous fait ce pauvre garçon qui chante continuellement vos louanges et les miennes ?

— Il ne me plaît pas.

— Oh ! cela est péremptoire. C’est un homme jugé et condamné. Il ne vous plaît pas ! Il faut le tuer, je pense ?

— Il est cependant bien poli et bien aimable, ce monsieur, remarqua madame L… De nos jours où les jeunes gens ne portent leurs attentions qu’aux demoiselles à marier, et sont mêmes peu courtois pour les mamans, et les dames qui ne dansent point, je l’ai trouvé plein d’égards, et d’une politesse tout-à-fait de bon genre.

Charles sut trouver quelques paroles convenables et assez galantes pour expliquer les attentions dont parlait la dame de la maison, après quoi il prit congé d’elle et de Clorinde.