Page:Chauvet - L Inde française.djvu/123

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L’Européen pourrait, avec une très-médiocre fortune, faire une excellente figure là-bas, à la condition de se contenter des plats du pays. Mais la vanité se mêle à tout chez l’homme. Nos traitants, enrichis par le commerce avec les Indiens, ont donc cherché à afficher un faste propre, selon eux, à leur attirer de la considération. À la nourriture saine, peu coûteuse et succulente qu’ils avaient à offrir à leurs convives, ils ont adjoint dans leurs dîners d’apparat l’usage du champagne et des truffes.

Or, le vin de Champagne, fabriqué exprès pour l’exportation par mer, se conserve mal, est d’un goût détestable et d’un prix exorbitant. Quant aux truffes, elles ne coûtent pas moins cher ; elles arrivent dans des flacons de verre, sentent le moisi et ne valent pas à coup sûr la plus mauvaise des pommes de terre. Mais truffes et champagne sont sur le programme du high-life ; on les absorbe en faisant la grimace, mais on chante la munificence de l’amphitryon.

Chacun des membres du conseil du gouvernement, à Pondichéry, est logé dans un hôtel confortable et servi par des domestiques payés par le budget. Ayant accepté l’offre que me fit l’amiral de Verninac de rester près de lui au palais du gouvernement, je m’y installai et j’offris au général de s’installer dans mon hôtel, dont le rez-de-chaussée était occupé par les bureaux du secrétariat et les archives. F… fut enchanté de la proposition et l’accepta sans se faire prier.