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Page:Chauvet - L Inde française.djvu/122

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Aucun débris de ce qui a vécu ne peut servir à leur alimentation. Ils ne se nourrissent donc que de menus grains ; le vin leur étant interdit, ils ne boivent en général que de l’eau. Seuls, les ivrognes, qui se rattrapent toujours, se livrent aux liqueurs fermentées qu’on tire de la sève ou de la noix du coco.

Il résulte de là que les deux cent quarante millions d’indigènes qui peuplent la grande péninsule asiatique abandonnent aux deux millions d’Européens, Anglais, Français, et Portugais qui vivent parmi eux, le bétail, les animaux de basse-cour, tous les produits de la chasse et de la pêche, c’est-à-dire de quoi nourrir une population cent fois plus nombreuse.

L’extrême abondance entraine une telle dépréciation dans les prix, que j’ai payé 15 fr. un cent de perdrix et que, par abonnement, un pêcheur m’apportait, matin et soir, du poisson pour dix personnes à un prix véritablement dérisoire, et ce poisson était excellent.

Quoique je n’aie jamais été gastronome, j’ai cependant gardé le souvenir de certaine omelette aux crevettes, préparée à l’aide de condiments du pays, et je déclare ici qu’aucun des mets si recherchés que nous offre l’art culinaire en Europe ne m’a semblé supérieur ni même égal en saveur à ce plat dans lequel il entrait une quantité de crevettes dont le prix serait inabordable en France. Cela coûterait certainement cent francs au moins ; dans l’Inde, cela revenait à quelques sous.