femmes et enfants s’étendent sur l’herbe et n’abandonnent leurs places que lorsque la toile tombe pour la dernière fois.
Toute cette foule mange, applaudit, pousse des éclats de rire et sanglote tour à tour. Quand l’action a l’air de se ralentir, qu’une péripétie empoignante se fait trop attendre, quelques-uns se couchent sur l’herbe et font un somme, non sans avoir prié un voisin complaisant de les réveiller au bon moment.
Aucun peuple n’est plus porté que le peuple indien vers les spectacles. Frapper les yeux plutôt que l’esprit est un sûr élément de succès auprès d’eux. Ils aiment beaucoup les pièces à grand fracas, à situations fortes ; les œuvres de Pixérécourt produiraient plus d’effet là-bas que les meilleures pièces du répertoire français.
En assistant, à diverses reprises, à ces représentations sans limites, en voyant cette foule de spectateurs qu’on peut évaluer hardiment à dix ou quinze mille personnes, j’ai souvent regretté que quelques-uns de nos théâtres n’eussent pas à leur porte, chaque soir, une queue pareille ; ils pourraient se la partager entre eux, et certainement cela leur rendrait service.