Page:Chauvet - L Inde française.djvu/210

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Quoique Indien, il parlait bien le français, ce qui lui permettait d’écouter et de répéter beaucoup de petits événements. Son esprit était vif et mordant. Il critiquait volontiers tout le monde sans faire d’exception pour ses clients, c’était une sorte de Bassecour à turban qui, dans une société aussi mêlée, trouvait à exercer sa causticité naturelle.

Lorsqu’il vint me raconter l’enlèvement de madame C… par monsieur X… son amant, il ajouta :

— Quelle faute, saheb, quelle faute irréparable. Ce X… gâte le métier ; il était si bien chez lui dans ce ménage, un mari fabriqué exprès, une femme ravissante ; le voilà désormais responsable de cette femme ; c’est lui qui est le mari. Il était dans le paradis ; il s’est jeté dans l’enfer.

— Et l’autre ?

— Qui l’autre ?

— Monsieur C…

— Oh ! il a du chagrin, mais on sent que ça passera vite… C’est X… qui ne se consolera pas.

Le dobachi, le cuisinier et le barbier composaient la partie masculine de mes gens ; tout le reste appartenait au beau sexe. J’avais de délicieuses servantes, recrutées par maître Antou, jolies, gracieuses et faites de manière à tenter un sculpteur.

Quoique nées dans l’Inde, elles ne pouvaient résister à la chaleur des jours caniculaires. Elles passaient leurs