Page:Chauvet - L Inde française.djvu/209

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chaque matin, afin de me tenir au courant des événements et surtout des cancans de la ville. C’était une gazette vivante dont les nouvelles étaient toujours amusantes.

Par lui, j’apprenais que M. un tel avait fait visite à madame une telle à une heure où on ne fait plus de visites ; que madame Trois-Étoiles, dite la belle aux cheveux d’or, avait eu, la veille, une scène fort vive avec son mari qui lui avait refusé de la conduire à une fête où elle se proposait de danser, sous le spécieux prétexte qu’il n’aimait pas le monde.

Le mari était, en effet, un ours dans toute l’acception du terme, vivant seul et collectionnant avec passion des antiquités. Madame, au contraire, qui n’avait aucun goût pour les antiques, était aussi mondaine que son mari l’était peu, et détestait cordialement la manie de son époux.

Ce barbier, que m’avait présenté Antou, était au courant de la chronique scandaleuse. Il savait les amourettes nouvelles et les ruptures. Il m’annonçait que telle personne avait changé d’amant ; que tel mari avait remplacé ses ayas par de plus jeunes ; qu’il y avait promesse de mariage entre celui-ci et celle-là.

Je savais encore par lui le nombre exact des noces du mois suivant ; de celles qui se célébreraient probablement avant la fin de l’année, et j’avoue que la sagacité du narrateur était rarement en défaut.