Page:Chauvet - L Inde française.djvu/230

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rues à peine vêtues d’un pagne transparent, les femmes des hautes castes se cachent avec soin des Européens. La loi religieuse ne leur défend pas de se montrer ; mais la jalousie des maris a ajouté aux prescriptions de Manou un codicille de sa façon.

Vers onze heures les danses cessèrent ; on passa dans une vaste salle de marbre où était dressé, sur plusieurs tables, l’un des festins les plus merveilleux auxquels j’aie jamais assisté. On mangea les mets recherchés que produit l’art des Vatels européens, les denrées les plus coûteuses, les fruits les plus savoureux ; les libations furent faites avec les vins des crus les plus renommés. L’hôte de ce palais enchanté avait mis à contribution la Bourgogne, l’Aquitaine et la Champagne ; il avait emprunté, en outre, à l’Espagne, à l’Italie et aux îles ce qu’elles avaient de meilleur en produits liquides.

Après ce repas, dont l’or, l’argent et le vermeil encadraient les merveilles, les danses reprirent avec une animation nouvelle. Elles ne furent suspendues que vers une heure du matin, moment où apparut le fameux moulougouthani, sur lequel on se jeta avec enthousiasme. J’ai dit l’infaillible succès qu’obtient le bouillon de poivre parmi les Européens résidant dans l’Inde. C’est du fanatisme.

La tombola fut tirée à quatre heures du matin, pendant une nouvelle interruption de la danse. Les lots étaient, pour la plupart, d’une certaine richesse et d’une grande élégance. Il y avait parmi eux des ca-