Page:Chauvet - L Inde française.djvu/236

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traversé de part en part par une large épée dont la pointe ressortait de plusieurs pouces.

L’enfant circulait allègrement à travers les groupes de curieux. Je le saisis au passage afin de me rendre compte du truc ingénieux qui faisait de ce joyeux garçon une victime expiatoire. J’avoue à ma honte qu’il me fut impossible d’y rien comprendre. Les Indiens excellent, on le sait, dans ces sortes d’escamotages.

Ma revue des martyrs volontaires se termina par l’examen d’un indigène extraordinairement ventru qui n’avait pour tout vêtement qu’un langouti. Il faisait promener sur son volumineux abdomen un énorme scorpion noir de la plus dangereuse espèce.

Nous nous fîmes jour avec assez de peine à travers une foule bigarrée, compacte, bruyante, transportée d’une joie tenant de la folie, quand nous fumes rassasiés d’un spectacle que peuvent seuls présenter les pays perdus de l’extrême Orient, et nous atteignîmes enfin le centre de la fête.

Un char de la hauteur d’un quatrième étage se dressait devant nous. C’était le char de la pagode, véritable monument, construit en bois de teck massif, et reposant sur quatre roues pleines, larges comme l’étaient les aubes de nos plus forts transatlantiques.

Quatre câbles formidables, gros comme les haussières d’un vaisseau à trois ponts, s’élongeaient devant le char. Quatre mille indigènes environ, en habits de fête, se