Page:Chauvet - L Inde française.djvu/238

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a fait de l’obscène Lingam l’une des incarnations de leurs dieux.

À un signal donné, l’attelage humain saisit les câbles et produit un effort puissant ; le char s’ébranle, les roues crient ; une immense clameur sort de la foule : l’épreuve sainte est commencée.

Nulle victime volontaire ne se précipita sous les roues du char ; la prévoyance de l’administration avait placé devant chaque roue un gardien vigilant dont la mission était de s’opposer à la folie contagieuse des suicides pieux.

À Jaggernaut, le fanatisme a les coudées plus franches. On assure cependant que soit par faute de précaution, soit par surprise, deux Indiens fanatiques se firent broyer sous les yeux de M. le commissaire général Bontemps, l’un des successeurs de M. de Verninac dans le gouvernement de l’Inde.

Si cet événement a eu lieu, il s’est passé longtemps après mon séjour à Pondichéry ; mais il ne constitue qu’une exception. La pagode de Villenour n’a pas le sinistre privilège de celle de Jaggernaut, dont les fêtes se renouvellent une fois par mois.

À Jaggernaut, l’immoralité est plus grande, le fanatisme plus accentué, les pèlerins plus nombreux, les danses des bayadères plus lascives, et le sang coule à flots à chaque promenade du char. On ne compte pas moins de cinq à six mille victimes par an autour de ce