« Toute justice émane du roi. » Dans Manou, la justice, c’est la toute-puissance ; c’est le roi.
Qu’il lance les foudres vengeresses ou qu’il le fasse assister aux tranquilles débats d’un procès civil, le législateur représente le monarque assis ou debout, modeste dans ses habits et dans ses ornements, humble de maintien, entouré de brahmanes et de conseillers expérimentés, et rendant la justice, appuyé sur la loi éternelle.
Mes lecteurs verront peut-être avec intérêt quelques-uns de ces préceptes pleins de force et d’énergie, bien qu’ils soient consacrés à imposer aux peuples une soumission aveugle aux volontés du prince et à assurer à celui-ci un droit absolu de vie et de mort sur ses sujets ou plutôt sur ses esclaves.
En tenant compte du temps où s’est produit le livre de Manou, des mœurs et du fétichisme des adeptes, on sera forcé d’admettre, une fois, le principe d’autorité accepté, qu’il n’a jamais été plus éloquemment ni plus poétiquement proclamé.
On lit au livre VII :
Sloca 3. — Ce monde privé de rois, étant de tous côtés bouleversé par la crainte, pour la conservation de tous les êtres, le Seigneur créa un roi.
Sloca 6. — De même que le soleil, le roi brûle les yeux et les cœurs, et personne sur la terre ne peut le regarder en face.