faisait passer sous les yeux les textes les plus saillants, fut pour moi un sujet d’étonnement profond et une véritable révélation. Quelle fermeté dans les principes ! Quelle logique dans les déductions ! Quelle haute et irrécusable sagesse !
De chaque citation sortaient de singulières analogies avec les lois et les institutions, de notre vieille Europe. Certains textes me frappèrent au point que je ne résistai pas à l’envie de les recueillir. Peu de personnes, même parmi les plus érudits, les connaissent en France. À moins d’être un savant indianiste, qui s’occupe de remonter le cours des âges pour extraire d’un fouillis de documents la quintessence d’une morale et d’une législation spéciales ?
Le livre de Manou se composait primitivement de cent mille versets ou slocas, nombre qui, par suite de retranchements et de remaniements successifs, fut réduit à quatre mille. Ainsi que le Koran, son code est une sorte d’Évangile comprenant tout ce qui touche à la vie sociale, à la conduite civile ou religieuse de l’homme.
Il est l’interprétation la plus fidèle et la plus pure des Védas, livres sacrés de l’Inde, dont la connaissance n’a été que très-imparfaitement acquise aux investigations du dehors et, du reste, superficiellement révélée.
Manou pose, comme base de l’édifice social, cet axiome qui a été, mais dans une certaine mesure seulement, à l’usage des gouvernements, autocratiques de l’Europe :