Page:Chauvet - L Inde française.djvu/30

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descendre jusqu’au fond du puits et en remonter les tonnes pleines d’eau ; j’étais bien tenté d’essayer la descente avec mon bidet, mais, quoiqu’il n’y eût aucun danger à l’opérer, je reculai devant le temps que j’aurais été forcé d’y consacrer.

Côte à côte avec ces vestiges, dont les plus récents datent de fort loin, au milieu de ces mille monuments de l’islamisme ou de la piété du temps des Lagides, la légende chrétienne a marqué sa place. Dans la vallée des Tombeaux, on m’a montré un figuier au tronc énorme à l’ombre duquel, selon la tradition, se serait reposée la sainte-famille lors de son voyage en Égypte. L’arbre est archiséculaire, mais il serait difficile de démontrer qu’il existait avant l’ère chrétienne. Néanmoins, en matière de foi, il convient, selon moi, de respecter les illusions inoffensives. Cela console les croyants et ne fait aucun mal aux autres. Je me suis donc assis sous le figuier légendaire avec un respect qui a dû rassurer mes compagnons.

Qui n’a pas vu Rome n’a rien vu, dit un proverbe ; voir Naples et puis mourir, ajoute un autre proverbe qui emprunte une formule trop absolue. En faisant la part de l’exagération naturelle au patriotisme italien, on peut appliquer le procédé à la traversée de l’isthme africain et dire : Qui n’a pas vu les pyramides de Gysèh n’a pas vu l’Égypte. Nous partîmes donc un matin, vers trois heures, nous dirigeant vers le sud-