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ouest du Caire sur la route de l’antique Memphis.

L’excursion est de quatre lieues environ ; aussi, malgré notre confiance dans la force de résistance et dans la sobriété des ânes, nous jugeâmes à propos de prendre d’autres montures et nous fîmes le voyage à dos de chameaux. La marche de ces animaux est assez désagréable, mais on s’y fait après les premiers moments d’oscillation. Le chameau a d’ailleurs un sérieux avantage sur les autres bêtes de la création : il est à peu près infatigable, et, quand il ne trouve pas d’eau sur sa route, il s’en passe avec une touchante philosophie. Sa réputation est tellement bien établie sous ce rapport qu’aucun sceptique ne se permettrait de la contester. Le désert, où il n’y a pas plus d’eau à boire que d’herbe à brouter, a été fait pour ce commode animal, et vice versa.

Nous parcourûmes donc la distance sur des chameaux qui partirent sous une allure fort peu respectueuse pour nos chétives personnes, tant la légèreté du fardeau leur semblait indigne du poids dont on les accable ordinairement. Nous arrivâmes très-rapidement à destination, après avoir traversé le village d’Embarèh, près duquel fut livrée, le 21 juillet 1798, la célèbre bataille des Pyramides gagnée par Bonaparte sur les mameloucks de Mourad-Bey.

— Du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent, s’écria le jeune général en chef en montrant à ses soldats les monuments colossaux.