Page:Chauvet - L Inde française.djvu/308

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de karri ou, pour dire plus juste, de mets divers assaisonnés au karri. C’était de la couleur locale poussée jusqu’à l’exagération.

— Sa Hautesse, me dit le thassildar, a tenu à vous offrir une collation dont les éléments européens sont absolument préparés à la manière indienne.

Je remerciai le rajah de cette gracieuse attention, d’autant plus que j’adore le karri et que, au risque de provoquer chez moi un peu de surexcitation, je fis aux plats autant d’honneur qu’ils en méritaient.

Quant à M. Fakland, il s’occupait bien, selon ce qu’il croyait être son devoir, de ce que je pouvais dire au jeune prince, des sourires échangés entre nous et de nos moindres gestes ; mais il paraissait gêné dans ses vêtements de gala et sans doute la griffe du tigre n’était pas étrangère à son embarras.

Aussi, lorsque je lui demandai des nouvelles de sa blessure, le résident me répondit avec une grimace :

— La blessure n’est rien, et je ne m’en suis plus occupé depuis hier. Mais je ne comprends pas que la bête se soit attaquée à mon pantalon ; c’est mal choisir l’endroit pour griffer les gens.

— Ne vous plaignez point, mon cher Fakland, dit le rajah ; les ongles du tigre ne sont pas souvent aussi inoffensifs, et vous avez eu beaucoup de chance hier.

— Sans l’adresse et le courage de Votre Hautesse,