une seule minute était indigne d’un véritable gentleman, et son aveugle défiance méritait certes les petites leçons que je lui donnai.
Quand nous défilâmes, le soir, dans les rues de la capitale, à la lueur des torches, la population nous fit une ovation en règle. Elle s’agenouilla même devant les douze prisonniers que nous lui amenions, car l’éléphant est un animal sacré dans l’Inde. Il est vrai que le serpent, notamment l’horrible cobra-capella, est l’objet d’un culte régulier de la part de certaines castes, ce qui prouve une fois de plus que tous les goûts sont dans la nature.
Malgré les pressantes instances du rajah, qui voulait me retenir près de lui, et les témoignages d’affection du thassildar, après avoir passé deux jours encore dans la capitale du Tanjaour, annonçai mon départ à mes hôtes pour le jour suivant.
Le rajah me pria d’accepter quelques cadeaux. Je voulus refuser ; mais il fallut se soumettre à l’usage, car l’usage règne en souverain du nord au sud de la péninsule. Je ne pus me soustraire davantage à la garde d’honneur dont Scher-Sing me fit accompagner.
Le vizir, en personne, me conduisit jusqu’à la frontière française. Là je pris congé de mon escorte, j’embrassai le vizir, le priant de renouveler mes remerciements à son souverain et de ne pas m’oublier auprès de M. Fakland qui a dû se sentir soulagé d’un poids énorme en me voyant quitter le Tanjaour avant l’annexion.