Page:Chauvet - L Inde française.djvu/37

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ditions fréquentes, aux époques, trop réitérées, où le khédive avait besoin d’argent et ordonnait la levée de l’impôt.

De cette tourbe de pillards et de voleurs, toujours prêts aux exactions, servant le puissant avec bassesse en raison des jouissances matérielles qu’il leur procurait, durs aux faibles sur lesquels ils glanaient impunément après la récolte du maître ; de tous ces gens sans cohésion, sans conscience et sans aveu, grâce à des efforts inouïs, le colonel Selves parvint à faire un corps sérieusement constitué, à lui inculquer une instruction militaire suffisante et à tirer parti des qualités inhérentes à leur nature, qualités perdues jusque-là au milieu de leurs vices : la bravoure et l’indifférence devant la mort.

Il ne faut donc pas s’étonner que Méhémet-Ali et, à côté de lui, Ibrahim, dont l’ambition rêvait d’arracher à la Porte-Ottomane, non-seulement la souveraineté héréditaire de l’Égypte, mais celle de la Syrie et de l’Archipel, aient comblé le colonel de bienfaits. Ce dernier leur avait préparé admirablement l’élément principal de la conquête, et il n’a pas dépendu de lui qu’ils n’atteignissent le but.

Chacun sait les événements qui empêchèrent le rêve du khédive de se transformer en réalité ; ce rêve, presque accompli par la victoire de Nézib, ne s’évanouit que par l’intervention étrangère.

Soliman-Pacha s’animait en nous faisant connaître,