Page:Chauvet - L Inde française.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

joies de la vie privée et les satisfactions que les caprices du sort réservent si rarement à l’homme de cœur.

Il nous dit les ennuis de son début dans cette vie orientale, qu’il avait rêvée calme et facile, et qu’il avait trouvée plus tumultueuse que l’existence européenne. Il ne s’était fait que lentement et en quelque sorte avec répugnance aux mœurs étranges, aux habitudes et aux allures de sa patrie d’adoption. Cependant, peu à peu, il avait adopté, avec le costume, tous les usages orientaux, à l’exception de la polygamie.

La confiance du vice-roi et de son fils, le généralissime Ibrahim-Pacha, en lui fournissant les éléments propres à occuper son intelligence active et son esprit rempli d’initiative, ne lui laissa guère le temps de songer à autre chose. Tout était à refaire ou à créer dans l’armée égyptienne.

Lorsque le colonel Selves fut chargé de la mission difficile d’en changer entièrement l’organisation, elle était composée de fellahs enlevés de force à l’agriculture, de noirs venus de la Nubie et de l’Abyssinie, et de gens nomades nés sur la lisière du désert et auxquels le désert ne pouvait fournir de quoi apaiser leur faim.

La discipline ne se maintenait qu’à force d’arbitraire et de rigueurs : le bâton fonctionnait sans relâche, c’était l’ultima ratio des chefs. Les soldats se rattrapaient sur les paysans, chez lesquels ils allaient en expé-