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Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/147

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le chalet des sapins

sur les bras. Parmi ces malheureux, combien deviennent des braconniers d’occasion, combien décrochent leur vieux fusil pour aller se mettre à l’affût des lièvres ou des chevreuils ? Ils sont en faute, c’est vrai, mais ils ont derrière eux la femme et les enfants qui crient la faim. C’est une terrible chose que la misère !

— On ne les punit pas, père ! s’écria Marguerite.

— Si, mes enfants : la loi est la loi ; mais on ferme l’œil quand on le peut, et il n’y a pas de loi heureusement qui empêche de corriger l’amende par la charité.

— Et alors c’est toi, père, qui dans ces moments-là leur viens en aide. Tu as beau secouer la tête, j’en suis sûre. Oh ! tiens, il faut que je t’embrasse ! »

Elle l’aurait embrassé au beau milieu du chemin, si mon père n’avait repris aussitôt :

« Non, Marguerite, je ne suis pas le seul. Les plus charitables, car ils ont bientôt vu le fond de leur bourse, ce sont nos braves gardes forestiers, inflexibles sur le règlement et qui n’en ont que plus de mérite à tenir leur cœur ouvert à la pitié. Ce sont eux qui bien souvent frappent d’une main et consolent de l’autre : Le matin, le mari appli-