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Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/148

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le chalet des sapins

que la loi ; le soir, la femme arrive au blockhaus du braconnier, avec un panier de pommes de terre sous le bras. »

Mon père finissait de parler quand le chemin s’élargit tout à coup. Nous étions arrivés à l’un des chantiers du Nideck. La clairière était remplie de monde, et, sitôt qu’ils nous eurent aperçus, les bûcherons se levèrent pour venir à notre rencontre.

Nous les avions surpris en plein déjeuner du matin. Un vrai repas de bûcherons ! des pommes de terre cuites dans du lait, du pain noir et deux cruches de vin blanc. C’était là le menu de ces ouvriers qui, les bras nus, la chemise ouverte sur la poitrine, allaient dans peu d’instants reprendre les uns leurs haches, les autres leurs traîneaux de schlitt pour conduire dans la vallée les pièces de bois débarrassées de leurs branches et de leurs feuilles.

Tandis que nous rôdions autour des souches qui leur servaient d’escabeaux, et que Marguerite, avec sa curiosité de ménagère, jetait un coup d’œil furtif sur le contenu des écuelles, mon père les entretint longuement à voix basse. Puis, se retournant vers nous :

« Savez-vous ce qu’on vous prépare, les en-