Aller au contenu

Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

34
le chalet des sapins

pensifs étaient remplis de larmes, que je voyais distinctement couler le long de ses joues. Seulement, et c’était là ce qui causait mon épouvante, je croyais apercevoir, acharnée à sa poursuite, une meute de chiens impitoyables. Au premier rang, couraient, la gueule ouverte, les dents retroussées, l’œil furieux, deux dogues de haute taille, féroces comme le sont tous les chiens de garde. L’illusion était si forte que leurs aboiements me déchiraient l’oreille, et, chose singulière, leurs voix ressemblaient, à s’y tromper, à celles de Nestor et de Fox, les deux gardiens de la maison.

Bientôt un sentiment de malaise inexprimable s’empara de tout mon être. J’avais vaguement conscience de ce qui se passait, et, tandis que je m’agitais dans mon lit sans parvenir à reprendre entière possession de moi-même, des mots inarticulés s’échappaient de ma bouche, une sueur abondante couvrait mon corps, et toujours ces hurlements sinistres qui me poursuivaient sans interruption !

Je pus enfin me mettre sur mon coude, et cette épouvante obstinée se traduisit par un cri de détresse qui remplit toute la chambre.

Le son de ma voix avait rompu le sommeil.