Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/268

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La pièce était vendue aux sifflets aguerris

De tous les étourneaux des cafés de Paris. [1940]

Il en est venu fondre un essaim des nuées !

Cependant à travers les brocards, les huées,

Le carillon des toux, des nez, des paix là ! Paix !

J'ai trouvé...

BALIVEAU

Ma foi, moi, j'ai trouvé tout mauvais.

FRANCALEU

On en peut mieux juger, puisque l'on s'en escrime. [1945]

Morbleu ! Je le maintiens : j'ai trouvé... telle rime...

À Damis qui l'écoutait avidement, et qui ne l'écoute plus.

Oui, telle rime digne elle seule, à mon gré,

De relever l'auteur que l'on a dénigré.

BALIVEAU

Tout ce que peut de mieux l'auteur, avec sa rime,

Ce sera, s'il m'en croit, de garder l'anonyme ; [1950]

Et de n'exercer plus un talent suborneur,

Dont les productions lui font si peu d'honneur.

DAMIS

C'est, s'il eût réussi, qu'il pourrait vous en croire,

Et demeurer oisif, au sein de la victoire,

De peur qu'une démarche à de nouveaux lauriers [1955]

Ne portât quelque atteinte à l'éclat des premiers ;

Mais contre ses rivaux et leur noire malice,

Le parti qui lui reste, est de rentrer en lice,

Sans que jamais il songe à la désemparer,

Qu'il ne les force même à venir l'admirer. [1960]

Le nocher, dans son art, s'instruit pendant l'orage.

Il n'y devient expert qu'après plus d'un naufrage.

Notre sort est pareil, dans le métier des vers :

Et, pour y triompher, il y faut des revers.

FRANCALEU

C'est parler en héros, en grand homme, en poète ! [1965]

À Baliveau.

Vous êtes stupéfait ? Moi non. Je le répète.

Vivent les grands esprits, pour former les grands coeurs !

Mais cela n'appartient qu'à nous autres auteurs.

À Damis.

N'est-ce pas, mon confrère ?