Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le plus vulgaire fruit des trésors de l’été ;
Ce court repas qu’admet à peine un humble asile
Ne saurait contenter l’ermite tempérant.
Mais tandis que des sens il fuit la jouissance,
Son esprit loin du corps au dehors semble errant,
On le dirait nourri d’une telle abstinence.
« Timonier, vers ce bord ! » On part. « Fais ceci ! » Fait.
« En rang et suivez-moi. » La dépouille est ravie !
Tant sa parole est prompte et tant son acte est prêt.
Tous d’obéir. Pourquoi ? Peu, nul ne se soucie
D’une réponse brève : un regard dédaigneux,
Seul reproche, a fermé la bouche aux curieux.

III


Une voile, une voile ! Ah ! quelque riche prise !
Que dit le télescope ? Et quelle nation ?
Point de capture, hélas ! mais on voit sous la brise
Briller le drapeau rouge. Et plus de question :
C’est une voile amie, elle revient fidèle,
Vents propices, soufflez ! Elle ancre avant le soir,
Et le cap est doublé ; l’orgueilleuse nacelle
S’avance dans la baie. Ah ! beau spectacle à voir !
Son aile déployée, elle fend glorieuse
L’écume, mais jamais pour fuir des ennemis.
Elle glisse animée, être vivant ! heureuse,